VIEUX CHAT (408) : NUIT
Le Chat jette une pupille jade et Lune, indifférent à ce que j’observe : les objets sont inversés dans le miroir ! On a tous remarqué çà sans trop y songer.
Rien de grave ni d’important : la nuit continue à être ce qu’elle est mais, dans mon miroir, j’aperçois l’inverse de moi-même. Alors : comment suis-je, exactement ? Comment me voir à l’endroit ?
Curieux (et pourquoi) le vocabulaire subit-il parfois cette sidérante aspiration à inverser le sens comme par exemple « vivre dans un endroit de fortune », chacun sachant que çà ne se passe pas bien du tout pour celui qui y est. Audace ou facétie aussi à déclarer « sécuriser l’emploi » en inventant loi et textes facilitant le licenciement. Depuis le jour où dans le mot « oeuvre », je mis le « E » dans « L’eau » en attendant bien plus tard de le mettre à la bonne place, dans le « O » du mot... Mystère enfantin rafraichissant. Mystère, quand même.
La nuit nous hanterait-elle d’idées plus étranges que le jour ?
Y verrions-nous plus clair ?...
Canards et cygnes glissent sur l’eau de l’étang conscients et amusés de l’espièglerie du reflet ?
Et Narcisse, le plus beau d’entre tous, promis à une longue vie pourvu qu’il ne vît jamais son visage... (bon... réduire peut-être le temps de contemplation du miroir dans la salle de bain) surpris et amoureux soudain de son reflet quand il se désaltéra dans l’eau d’une source.
Mais on dit qu’il se s’agit pas de cela : tragique histoire... se console de la mort de sa soeur jumelle qu’il adorait et était faite exactement à son image.
Alors, jumeaux-jumelles... autre soi-même ? Plus vrai que le miroir ?