GROS CHAT (481) : JOUR PREMIER, AN NOUVEAU

1 Janvier 2019 , Rédigé par Denise Giton-Gonzalez

Les gris d’un vilain ciel s’étirent au-dessus du nid abandonné. Les branches semblent s’allonger dans l’air morne vers des fenêtres allumées. Les murs sont comme salis de tristesse, les portes closes, les trottoirs désertés.

Pas âme qui vive dans la rue étroite qui file vers la nuit.

Le coeur semble inerte sous un tas de cendres. Le temps s’est posé en lourdes secondes. Assoupissement des sensations. Le regard file vers le chat qui lève une paupière. Enfin.

Les lueurs vacillent sur les murs et font flamber le tapis. Je secoue mon froid de neige et reprends vie.

J’avais eu peur. Que la vie ne coule plus en moi. Que les mots soient morts. Que mes pinceaux n’attrapent plus la couleur. Que ma toile soit un désert sec de lin blanc comme un linceul.

J’ai bu depuis le matin des bolées de mots doux de mes amis. Des phrases comme châles de laine. J’ai répondu beaucoup. Et l’ivresse m’est venue. J’ai filé dans les mots, les souvenirs, les rires, les voix des anciens, les lettres qui sont des liens si forts. Et j’ai nagé si profondément dans les souvenirs que je me suis sentie soudain comme jetée sur une plage, à bout de souffle et inerte comme un nageur près à se noyer. Vide.

Fin 2018 peut-être. Fin des années antérieures à jamais englouties.

Le chat lève ses yeux de mystère, tranquille. Une chaleur paisible. Une présence. Une douceur.

Manque plus que la tasse de thé parfumée de miel, apportant un nectar soleil. Une tristesse légère à avoir exhumé des images aimées. Comme un voile léger et poudré qui sépare du réel.

Demain il fera soleil. Ou il fera gris.

Mais un beau gris nacré teinté de lait.

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