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GROS CHAT (508) : MAIS C’EST QUOI, CA !
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Encore... ! Récidive : elle revient de chez le véto avec ses horribles sachets "Kidney Care" de chez "Veterinary exclusive ». Pffff...
Marre, du marketing sérieux et savant : J’aime pas son machin « with Salmon » avec la bouille enfarinée d’un matou heureux sur le paquet.
Beef, salmon ou chicken, mais « with » ! Toutes les boulettes se ressemblent : pas l’once d’une arête ou nageoire. Ca nage honteusement dans une sauce que j’aime bien mais y’en a pas assez. Un bout de gelée qu’elle racle pour en extraire deux gouttes... Et moi j’attends, là, au ras des chaussons.
Alors, vous savez quoi ? J’AI VOULU RIEN MANGER !
Ah ah ah... que je m’inquiète pour le Matou...
« Ca va, mon Minou ? Mais qu’est ce que tu as ce matin ?"
Trois caresses et ça continue. Elle me brosse le poil, songeuse, tourmentée. Si elle continue comme çà, je vais peler.
« Ben alors, Nirao, tu vas bien, mon Chat ? »...
Là, elle flippe. Je vais dans la chambre et m’étale sur le lit. Elle tâte mon ventre. Elle me prend dans ses bras et me pose vers ma gamelle : rien ! Je renifle dégouté et je repars.
Panique ! Elle a mis mes médicaments dedans.
Ah ! Super idée : elle ouvre une jolie boîte de sardines à l’huile d’olive, la fine fleur succulente de Bretagne. Elle en prend une, la dépiote, l’écrase minutieusement et rajoute à la pâtée infâme... Je fais mine de pas vouloir mais là, quand même, c’est moins grave que si c’était pire...
Franchement ! on se fout des animaux. Le lobby « Clinical nutrition » et autre ineptie. Quand je pense à mes aïeux se crépant le poil au-dessus des poubelles la nuit, se disputant le bout de gras et libres.
J’ai compté : cinq sardines encore... Ca va être quasi festin ce soir. J’ai un bon moral.
Elle ramène en cuisine la boite plastique mou transparent : cinq poissons flottent dans l’huile ambrée. Reflet moiré des écailles bleutées. Cà me fait penser à la mer. Cà me fait penser à de vraies nageoires, aux arêtes charnues coincées sous la patte, aux vrais lambeaux que je tire et déchire. Cà me fait penser à tout ce que j’aime et dont je suis privé par leur moderne attitude. On voit bien que c’est pas eux, devant la gamelle.
J’ai rêvé au diner de ce soir tête sur l’édredon, me faisant une raison de tant de confort douillet et moelleux, me disant que la pluie, plutôt qu’être dessous, je continuerai à la voir en gouttes couler sur les carreaux.
J’écoute les bruits familiers de la maison, le tintement des casseroles, les tiroirs que l’on tire et referme... Elle, elle est partie dans l’atelier avec sa toile et mon maître se prépare : le couvert est dressé, il a l’air détendu et contant, sûrement il va aimer son repas : je lui connais ce petit air satisfait et gourmand à vouloir s’installer vite devant son assiette...
Et sur la table, la petite boîte transparente avec son trésor aux écailles qui ont gardé les éclats du ciel et de la mer.
Je venais le voir par gentillesse et solidarité et devant moi, là soudain, une vision de cauchemar...
C’est pas possible... mais je rêve !...
Mais si, il le fait !
... IL BOULOTTE MES SARDINES DU SOIR... !
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